basketpack : Salut Quentin et merci pour ton temps. Tu le sais, chez basketpack on s’intéresse tout particulièrement aux équipements de basketball, mais ton activité est bien plus large que ça : peux-tu te présenter et nous expliquer en quoi consiste 1OFF Unique ?
Quentin Delaunay : Je suis un grand fan de sport depuis tout petit : depuis le CP je n’ai pas fait une seule saison sans être licencié dans un club sportif, et j’ai 26 ans aujourd’hui : 4 ans de foot, 10 ans de basket et 6 ans d’athlétisme. C’est impossible qu’il n’y ait pas de sport dans ma vie ! Naturellement, pour mes études supérieures j’ai été en STAPS pour devenir professeur d’EPS – tout se passait très bien mais j’ai eu l’impression d’aller dans une voie trop “tracée”. Je me suis donc dirigé vers le management du sport, mais cela ne m’a pas spécialement plu, je ne me sentais pas totalement à ma place. Ensuite, j’ai fait un service civique dans le club d’athlétisme de 2A (Entente Angevine Athlétisme) qui m’a beaucoup intéressé – après cela, j’ai décidé de m’orienter vers un master “Sciences de l’éducation” pour devenir CPE.
L’été entre le master 1 et le master 2, des potes m’ont identifié sur une publication de Melon Kicks (un designer qui customise des chaussures) au sujet de pointes d’athlétisme. Les retours m’ont donné envie de faire mes propres créations. Depuis tout petit j’aimais dessiner, je me débrouillais bien sans pour autant être un génie. J’ai par contre toujours réussi à sentir quand un truc déconnait graphiquement. J’ai décidé de faire mes propres chaussures customisées avec des vieilles paires à moi, sur lesquelles j’ai commencé à peindre. Je les ai envoyées à mes potes, qui m’ont tout de suite envoyé leurs paires ! C’était en 2018… date à laquelle j’ai commencé à poster mes créations sur Instagram.
Dès que j’ai commencé j’ai été partagé par une page américaine et j’ai tout de suite eu beaucoup de likes, je ne m’attendais pas du tout à ça. À cet instant, j’ai 23 ans, et ce sont mes parents qui m’ont dit que j’avais surement un truc intéressant à faire dans ce domaine ! Et finalement, j’ai commencé à m’investir réellement car j’y prenais énormément de plaisir. J’ai quand même terminé mon master, je peux devenir CPE mais pour l’instant, je pars sur la customisation de chaussures : j’ai donc créé l’auto-entreprise “1OFF Unique” – car je souhaite faire seulement des créations uniques, je ne reproduis rien, même quand ça cartonne. C’est mon concept, et cela rajoute énormément de valeurs aux modèles sur lesquels je dessine.
Au départ je ne faisais que des chaussures, et uniquement dans l’athlétisme, puis, je me suis diversifié sur le basketball, les sneakers, etc. J’ai mis un peu de temps avant de produire réellement car j’ai eu besoin de m’assurer que mon travail était durable et tenait dans le temps. J’ai rencontré un YouTuber basket (PAF) avec qui j’ai collaboré et à qui j’ai fait une paire. J’ai toujours suivi le basket, c’est une de mes passions même si j’ai arrêté d’y jouer en club. Mais cette rencontre m’a remis dans le basket, et je prends énormément de plaisir sur ce segment de mon activité. Avec le Covid, le basket a pris le pas sur mes autres activités. Je n’ai pas envie de faire uniquement des chaussures, je suis aussi un grand fan de maillots, dès le CM1, je demandais un maillot de Kobe à mes parents ! Depuis, j’ai acheté 1 ou 2 maillots chaque année. J’ai donc commencé à peindre des joueurs sur les maillots, par exemple, celui de Frank Ntilikina, ou encore Dwayne Wade. Je ne souhaite pas faire de la customisation uniquement ou de l’œuvre d’art, je souhaite me positionner entre les deux ! J’ai envie d’être créatif tout en respectant les goûts et passion de la personne avec qui je travaille.
basketpack : Quelles sont tes principales cibles ?
Quentin Delaunay : C’est très très très varié ! Il n’y a pas que les 13-40 ans qui s’intéressent à mon travail, des personnes de 60 ans me font aussi des demandes. C’est difficile pour moi de dégager une cible type. Souvent, les personnes que j’ai en contact ont l’âge de mes parents, et ils font appel à mes services pour faire un cadeau. J’ai des demandes de la part de professionnels, comme Vafessa Fofana (Cholet Basket) ou Abdoulaye N’doye (ex Cholet Basket), de marques comme Crossover Culture, mais je travaille également pour des particuliers.
Je suis ouvert et intéressé par tout type de demandes. Je ne rejette rien, même une personne qui a mon niveau en basket ! Si le projet est intéressant, ça peut vraiment le faire. Mais d’une manière générale, j’ai plus de professionnels car la chaussure est leur véritable outil de travail. Après le premier confinement, vers le mois de septembre 2020, toutes les activités sportives semblaient reprendre, j’ai eu beaucoup de demandes intéressantes. J’ai notamment travaillé avec Gaël Monfils et Andrew Albicy. Mais je ne souhaite pas faire uniquement des chaussures, je ne veux pas être enfermé là-dedans. J’ai également peint sur des consoles par exemple ! Je ne me ferme à rien du tout, tant que je prends du plaisir à travailler.
basketpack : Tu as récemment réalisé une version customisées de la Kayo LP2 de Crossover Culture dédiée à Andrew Albicy, capitaine de l’Equipe de France de basketball – bravo pour ce travail, on adore le coloris que tu as créé – peux-tu nous raconter cette expérience ?
Quentin Delaunay : A la base, j’ai été contacté par la marque Crossover Culture, qui m’a proposé un projet super intéressant. Ce qui est vraiment cool c’est qu’il m’ont donné une chaussure blanche, avec une thématique Equipe de France et 2-3 consignes assez souples, mais que j’étais vraiment libre dans ma création ! Ensuite, ils m’ont mis en contact avec Andrew, je lui ai présenté des croquis, basé sur ce que je connaissais au sujet des goûts d’Andrew.
Il a choisi son croquis préféré et on est partis là-dessus. J’ai énormément apprécié de travailler avec eux, ça c’est vraiment bien passé – d’ailleurs, on lance actuellement un jeu concours avec la paire. Ce travail m’a donné une belle visibilité sur le segment du basket, j’ai été suivi par des acteurs intéressants, comme Peak par exemple. Je ne m’attendais pas à ce type de retours, très sérieux – je sens une très bonne dynamique depuis. Je commence même à avoir des premiers contacts avec des joueurs NBA… pour l’instant rien de concret, mais on est proche de ça. Après, je ne contrôle pas tout ça, donc je continue à travailler de la même manière et on verra ce que nous réserve l’avenir.
basketpack : Sur le segment du basketball, peux-tu nous présenter tes autres créations les plus marquantes ?
Quentin Delaunay : Il y en a eu pleins ! Bien entendu, le projet avec Andrew Albicy et Crossover Culture m’a marqué. Mais en dehors de celui-ci, la première à laquelle je pense est la création que j’ai faite pour Vafessa Fofana, que j’ai rencontré par l’intermédiaire de Abdoulaye N’doye (Cholet Basket) : il m’a ramené des Kobe 4 en février dernier, juste après le décès de Kobe Bryant, pour que je les customise. Je me suis dis “wahou” car il me donnait un truc qui avait une valeur dingue au niveau de la symbolique, ça m’a marqué ! En plus, c’était pour les porter en matchs. Petite déception, je lui ai livré juste avant le premier confinement… du coup il a fallu attendre les tournois d’été pour les voir sur les terrrains !
Chaque mois je garde un projet “perso” pour faire comprendre mon univers : j’ai particulièrement pris du plaisir sur les PG 4 (Paul George) Yoshi ! J’ai aussi customisé des Nike Adapt avec Bender de Futurama, et tout un tas d’autres créations. J’ai également beaucoup aimé la Jordan 35 Low pour Hoopsidia. Il y en a tellement que c’est difficile d’en faire ressortir ! J’ai mis quelques photos sur mon compte Instagram.
Je m’intéresse aussi aux jeunes ! Je viens de finir une paire pour Adama Bal qui joue à l’INSEP, j’aurais pu te les montrer mais elles sont parties ce matin ! C’était la customisation de LeBron 17 low pour lui.
basketpack : Est-ce que tu as des projets basketball dans les tuyaux ?
Quentin Delaunay : Je ne peux pas en dire trop, tant qu’un projet n’est pas 100% acté je n’aime pas m’avancer – parfois j’ai des sollicitations avancées mais elles n’aboutissent pas pour X raisons. Il m’arrive également d’être contacté par des athlètes qui pensent que mon travail est gratuit – ça ne part jamais d’un mauvais sentiment de leur part, mais plutôt d’une incompréhension sur mon activité. Je suis devenu un peu superstitieux sur ce sujet, car quand je suis sur de moi les choses ont tendance à ne pas se faire ! Et inversement, quand je n’y crois pas trop, ça fonctionne ! Par contre, ce que je peux dire c’est que j’ai actuellement deux paires pour un joueur de Jeep Elite… je suis en train de lui faire son design en ce moment !
basketpack : Tu as fait des maillots aussi, tu peux nous en parler ?
Quentin Delaunay : Il y en a eu 5 pour l’instant : Le maillot Dwyane Wade !
J’ai créé celui de Vafessa Fofana, qui n’était pas un simple maillot de décoration mais son maillot pour la coupe du monde 2019, porté à Pékin !
J’ai aussi fait celui de Victoria Majekodunmi de l’Équipe de France 3 vs 3 ! Par contre, elle ne m’a pas dit à quel tournoi elle l’a porté !
Il y a celui de Frank Ntilikina et le maillot Olive et Tom, que je n’ai encore jamais publié !
basketpack : On termine l’ITW avec 2 questions personnelles qui n’ont rien à voir avec 1OFF – petite tradition basketpack !
Top 3 joueurs préférés all-time ?
Quentin Delaunay : Je suis un peu “vintage”, nostalgique d’une époque que je n’ai pas vécue : Julius Erving, Kareem Abdul-Jabbar (pour son impact sur et en dehors des parquets) et Kemba Walker (surtout pour son immense parcours universitaire) !
Top 3 chaussures de basket préférées ?
Quentin Delaunay : LeBron 8 « South Beach », Dame 7 « Rick Flair » et la Kobe « Bruce Lee »
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