basketpack : On a la chance de pouvoir discuter avec Édouard Choquet, basketteur professionnel qui évolue actuellement en Pro B à Fos sur Mer. Salut Édouard, un grand merci pour ta présence, pour nos lecteurs qui éventuellement ne te connaîtraient pas bien, peux-tu te présenter en quelques phrases ?
Édouard Choquet : Édouard Choquet, basketteur professionnel entre autres ! Ça fait à ce jour 14 ans que je joue en LNB. Donc on peut dire que ma carrière commence à être assez longue, mais je souhaite qu’elle se prolonge encore un peu ! Je suis originaire de Limoges, une terre de basket… j’ai quitté le Limoges CSP assez jeune, vers 16 ans, ce qui était un “move” un peu spécial à l’époque, car je partais d’un très grand club pour rejoindre Bordeaux, un club un peu moins réputé, sans lui faire offense. L’idée pour moi était de sortir de l’image du “jeune Limougeaud » qui ne deviendra pas pro, car à l’époque la politique du CSP n’était pas de former des jeunes pour les amener au plus haut niveau.
basketpack : On débute l’interview avec une synthèse de ta carrière, pour situer un peu le contexte : tu as dit que ça faisait 14 ans que tu étais professionnel, période pendant laquelle tu as connu pas mal d’expériences différentes. Tu peux nous en dire un peu plus sur ces changements de clubs ?
Édouard Choquet : J’ai effectué ma dernière année de cadet à Bordeaux, j’ai fait une très belle saison, et le coach américain de l’équipe première de l’époque, Tommy Davis, a fait appel à moi sur la fin de saison pour jouer en N1 car il manquait de meneur ! Donc j’ai eu la chance de jouer un peu en N1 à 17 ans. Puis, il m’a proposé de signer en tant que meneur backup de l’équipe N1 – j’ai donc signé là-bas, et je suis passé titulaire au cours de ma première saison, je fais une bonne saison et je participe au All Star Game de N1 à 18 ans.
crédit photo : Christophe Canet
J’ai ensuite signé en Pro B au Portel, ou j’ai pu progresser à mon rythme, en restant 4 saisons là-bas. J’ai ensuite eu un contact avec Fos sur Mer, et son coach Rémi Giuitta, qui voulait me signer en tant que meneur titulaire, j’ai accepté. La première saison est bonne : individuellement je joue bien, et collectivement on va jusqu’en demi-finale de playoffs ou on rencontre… Limoges ! Ça se joue à rien, on perd de justesse, c’est un gros souvenir. Sur ma seconde saison, gros coup d’arrêt dans ma progression car je me blesse au genou (ligaments croisés) avec une opération et un long processus de rééducation à la fin duquel Fos a choisi de me refaire confiance avec un contrat de 4 ans ! La saison de mon retour est complexe, avec de l’appréhension niveau mental, mais la saison suivante sera superbe : je joue 38 minutes de moyenne, et c’est la confirmation que tout va bien de mon côté.
A la fin de cette saison, j’ai une proposition de l’ASVEL qui arrive… c’est l’opportunité d’une vie. Le jour ou l’ASVEL t’appelle pour te proposer de les rejoindre, tu réfléchis, mais pas trop longtemps quand même ! J’ai dit oui, et je deviens meneur backup dans une grosse équipe de Pro A, avec entre autres Charles Kahudi et Andersen… c’était vraiment le “next level” comme on dit ! Je fais une première saison correcte, dans mon rôle de backup à 14-15 minutes en moyenne. On termine champion de France de Pro A… autant te dire que collectivement c’était plutôt sympa ! C’était pendant les débuts de “l’ère TP” à l’ASVEL, il jouait encore aux Spurs mais il est venu lors des derniers matchs de la saison, c’était vraiment une expérience extraordinaire, surtout que la finale a été incroyable : on est menés 2-0, tout le monde nous croit mort, mais on remporte les 2 matchs suivants avant d’aller terminer le travail chez eux… Très très gros souvenir ! Après cela, le club m’a fait comprendre qu’il comptait sur moi en tant que 3ème meneur, derrière deux meneurs américains. A ce moment-là de ma carrière, j’ai beaucoup réfléchi… j’ai décidé de ne pas rester.
Chalon-Reims m’a alors proposé un projet avec plus de responsabilités et de temps de jeu, j’ai accepté. J’ai fait un bon début de saison, avec le temps de jeu promis – on gagne des matchs, je joue bien, ce qui me vaut une sélection au All Star Game de Pro A. C’est une satisfaction, même si je t’avoue que j’ai été sélectionné car il y avait peu de joueurs français ayant du temps de jeu sur le poste de meneur à l’époque. Mais je suis quand même fier d’avoir pu y participer et jouer à Bercy ! C’était vraiment top, une belle expérience. Je me suis blessé au ménisque durant cette saison, j’ai joué avec ma douleur, mais après le All Star Game je me rends compte que je ne peux pas continuer comme ça donc je me fait ré-opérer du genou. Ma fin de saison est plombée, mais je tente quand même de me montrer car je suis en fin de contrat… je pense que c’était prématuré, car j’étais beaucoup moins bon. Ensuite, changement de coach, le club ne me conserve pas.
A ce moment, le club de Fos me recontacte pour un projet intéressant, de jouer en Pro B dans une grosse équipe pour la montée. Je ne regrette pas ce choix : on fait une très bonne saison et on remporte la finale de Pro B face à Roanne… direction la Jeep Elite, dès la première saison ! On avait une super équipe, vraiment, j’en garde un beau souvenir car c’est une montée avec mon ancien club, auquel j’étais attaché. La saison de Jeep Elite qui suivra sera difficile, et malheureusement on ne se maintient pas, à quelques matchs près…
La marche était un peu trop haute. Donc si je devais faire un bilan de ma carrière, il y a pleins de belles choses, avec des titres, des montées, de la longévité malgré les blessures, et de superbes souvenirs ! J’ai commencé super jeune, et je n’ai pas de regrets lorsque je regarde en arrière !
basketpack : On reste sur des questions basket avec ton actualité du moment, le club de Fos sur Mer, avec lequel ça se passe plutôt bien dans le championnat de Pro B en termes de résultats. Peux-tu nous faire le bilan collectif et individuel à l’instant T ? Quels sont les objectifs pour cette fin de saison ?
Édouard Choquet : Depuis mon retour ici, je continue avec Fos, je suis très attaché au club et j’aime cette stabilité. L’an dernier la saison a été difficile, et ça ne s’est pas terminé pas à cause du Covid.. Et cette saison, on a remporté la Leaders Cup malgré tous les cas de Covid qu’on a eu dans le groupe ! Collectivement, ça se passe très bien. On va pouvoir finir la saison, on est à une victoire des leaders, avec un vrai bon groupe… il n y a aura vraisemblablement pas de playoffs, donc tous les espoirs sont permis ! Il faut qu’on gagne des matchs pour accrocher une des deux premières places et monter en Jeep Elite. Individuellement, je me sens très bien et je suis satisfait de ma saison, au niveau de mes statistiques, je suis au-dessus de mes standards, notamment au niveau de l’éval… c’est plutôt positif !
basketpack : On sort un peu du basket : tu as la particularité d’avoir anticipé assez jeune ton “après-carrière” en passant des diplômes pendant ta carrière de basketteur pro. Tu as monté un projet basé sur ton expérience et sur tes compétences, avec Quan Sport : tu peux nous expliquer en quelques phrases en quoi ça consiste ?
Édouard Choquet : Le sujet de la reconversion et de “l’après” m’a toujours intéressé. La carrière n’est pas éternelle. J’ai toujours défendu l’idée que le sportif n’était pas “qu’un” sportif ! En fin de compte, on a du temps libre et des déplacements ! Parfois, tu as 10h de trajet. Avec tous ces temps cumulés sur une carrière, tu peux en faire des choses ! J’ai passé un diplôme de création d’entreprise à distance à l’IAE de Caen. Après, j’ai aussi passé une licence d’anglais; mais j’ai surtout eu la chance de pouvoir intégrer le programme “FIBA Time Out” qui consiste à accompagner des athlètes féminins et masculins pour les former aux métiers du sport avec des séminaires en présentiel l’été et du distanciel durant la saison : on a été à Genève, Prague, Ljubljana, Vienne…. c’était super pour découvrir d’autres cultures ! Une vraie ouverture d’esprit ! Les intervenants étaient très intéressants, venant de tous les sports. En plus de ça, j’ai suivi un cursus leadership et management à l’université de Newcastle, en distanciel, avec des cours et des devoirs en anglais. Enfin, j’ai suivi un cursus à l’INSEEC Sport à Chambery, dédié aux sportifs de haut niveau, à distance, ou j’ai pu valider un master 2 en marketing. Encore une fois, de superbes expériences ! Tout ce cheminement m’a amené à créer deux choses : j’ai créé l’association “Grandir sous la même étoile” avec l’idée de transmettre ce que j’ai reçu en tant que sportif de haut niveau, en tentant d’avoir un impact au-delà de ce qu’on fait sur les parquets. Par exemple, on propose des actions culturelles, éducatives, sportives, des interventions dans les écoles et centres sociaux, de l’événementiel 3×3, mais aussi des choses hors du sport. Bon, avec la Covid, il y a un coup d’arrêt car c’est plus compliqué de voir les différents acteurs, mais on sera prêts quand ça repartira !
Depuis quelques mois, j’ai lancé Quan Sport, il s’agit d’une entreprise dont le but est de proposer un accompagnement global à tous les professionnels du sport. Quan Sport n’est pas destinée uniquement aux athlètes et aux entraîneurs, ça concerne pleins de profils différents. Concrètement, c’est un accompagnement en préparation mentale et en optimisation de la performance, en gestion de l’image et de la communication en public; ainsi que tout ce qui est lié à l’avenir comme l’après-carrière et la gestion financière. Ça concerne tous les sportifs et pas seulement les basketteurs. On a deux nouvelles offres : une pour les jeunes sportifs, et une pour les entrepreneurs qui souhaitent vivre de leur passion pour le sport. Le panel est large, on a des athlètes qui gèrent le conseil. J’en fais un peu personnellement car ça m’intéresse, mais on a plusieurs professionnels : psychologue du sport, préparateur mental, diététicien, ostéopathe, conseiller en communication, professeur d’anatomie, conseiller financier… On apporte donc un panel d’experts. On fait aussi des podcasts pour proposer aussi du conseil accessible à tous, sous forme de podcast. Ce format est efficace, on vient de lancer notre chaîne YouTube pour montrer l’ADN de ce qu’on veut transmettre. Quan Sport a été lancé en fin d’année 2020, c’est très récent mais on commence à avoir quelques clients. Je suis un peu limité niveau disponibilité car je joue encore pas mal au basket ! Il y a eu des manquements durant ma carrière, j’ai observé tout ça et j’essaie de combler ce type de manque avec la structure qu’on est en train de développer.
basketpack : On va maintenant parler un peu d’équipements : on sait que tu es actuellement sous contrat avec l’équipementier chinois Peak, depuis plusieurs saisons. Quand et comment ce contrat s’est-il concrétisé ?
Édouard Choquet : Tout a commencé quand j’étais à l’ASVEL, à l’époque où Tony Parker était en partenariat avec Peak. Peak est venu dans le vestiaire pour nous présenter un panel de produits. On a eu l’opportunité de pouvoir tester les produits, pour les joueurs intéressés. Venant de Pro B, j’ai tout de suite voulu tester ! J’ai essayé une des première chaussure signatures de TP, je pense que c’était la TP 2 ou 3. C’est aussi le moment où ils ont sorti une TP “low” – étant donné que je préfère les chaussures basses, j’ai beaucoup aimé. Ils m’ont proposé un contrat, et depuis, notre partenariat ne s’est jamais arrêté ! Ça fait 6 ans que je suis avec Peak. Il y a une très belle évolution de la marque, c’est très intéressant – en termes de design, le progrès a été énorme depuis les débuts. Là, je porte les Lou Williams 3, la performance est excellente, le design est très stylé, il y a de nombreux coloris. Ils ont énormément progressé en termes de design. A l’époque, Peak était sponsor de l’ASVEL, même pour les maillots. Donc notre rencontre avec Peak ne s’est pas faite via un agent, mais vraiment en direct via le club.
crédit photo : compte instagram frenchbasketballsneakers
basketpack : En quoi consiste ce contrat exactement ? Est-il évolutif ?
Édouard Choquet : Il varie selon les saisons. Il y a des différences selon si j’évolue en Pro B ou en Jeep Elite. En gros, c’est une dotation, qui est variable selon le championnat dans lequel je joue. Mais globalement, Peak est plutôt souple et arrangeant; notamment lorsque de nouveaux modèles sortent. En plus de ça, j’ai un montant d’argent à dépenser sur le site en équipement Peak. En contrepartie, je dois porter du Peak visiblement quand je joue, et c’est top cette saison car on a un photographe qui vient à chaque match. Je dois porter du Peak le plus possible, mais il n’y a pas de cadre strict dans notre contrat. Mais vu que ça fait plusieurs années qu’on travaille ensemble et que je suis satisfait, j’essaie de m’impliquer, mais je ne suis pas une tête d’affiche chez Peak. Le partenariat est très bien, du coup je n’hésite pas à me montrer en Peak sur les réseaux sociaux.
basketpack : Est-ce que beaucoup de joueurs de Pro B sont sous contrat avec des équipementiers ?
Édouard Choquet : Il y en a peu, même si je n’ai pas l’information précise. Mais tous les joueurs sont intéressés par cela. Peak a quelques autres joueurs de Pro B sous contrat, on est 5 en tout il me semble pour cette saison.
basketpack : Avec quelle chaussure joues- tu cette saison ?
Édouard Choquet : La Lou Williams 3 avec tous les coloris, ils sont assez stylés, la marque a fait beaucoup d’effort la-dessus. Ça me permet d’accorder la couleur des chaussures et de mon maillot.
basketpack : Est-ce que tu joues avec d’autres modèles en match officiels ?
Édouard Choquet : Je porte presque exclusivement la dernière Lou Williams en ce moment – j’ai un peu porté la dernière signature de TP, mais je trouve que niveau style, elle me va moins bien que la Lou Williams.
basketpack : Tu es un meneur de jeu au style plutôt traditionnel dans le sens ou tu peux être passeur et/ou scoreur. Cette chaussure est-elle selon toi adaptée à tous les postes / gabarits / style de jeu ou pas ?
Édouard Choquet : J’aurais tendance à dire que c’est plutôt une chaussure d’extérieur, en me basant sur mon propre ressenti. Mais ça n’est pas figé. Petite anecdote, lorsqu’on jouait à Denain l’autre jour, mon coéquipier McClain, un arrière assez athlétique, a oublié ses chaussures ! Comme j’ai toujours deux paires, au cas où j’en casse une, je lui ai prêté ma paire de Lou Williams de secours ! Il a joué avec et ça c’est très bien passé ! C’est compliqué à expliquer techniquement car c’est du ressenti, mais j’ai l’impression que c’est plus une chaussure de joueur extérieur.
basketpack : C’est Peak qui te propose un modèle ou c’est toi qui demande puis essaie la chaussure ?
Édouard Choquet : Je choisis mes modèles, je suis l’actualité de Peak, et selon ce qui sort je fais mes demandes en fonction. Je me tourne plutôt vers les chaussures signature de joueurs extérieurs, comme les TP ou les Lou Williams. A une époque, il y avait les chaussures de Dellavedova, que j’avais adoré ! Je les ai beaucoup portées. Par exemple, je n’ai pas joué avec les signatures de Dwight Howard, car j’ai tendance à penser que ce sont plutôt des chaussures de “big men”.
basketpack : Comment tu choisis tes chaussures ? Critères esthétique ? Juste performance ? Un peu les deux ?
Édouard Choquet : C’est un mix de deux ! J’aime avoir de jolies chaussures mais la performance est hyper importante : c’est du 50-50 pour moi ! L’idéal est le bon compromis entre sensation et style.
basketpack : Tu utilises combien de paire sur une saison ? Plusieurs paires en simultané ?
Édouard Choquet : Au total, j’en utilise une dizaine sur une saison, et oui j’en ai plusieurs en simultané. Etant donné que j’ai le choix, et que de nouveaux modèles sortent, j’ai tendance à commander !
On termine avec la traduction des “Top 3 rapide” ou tu dois me répondre sans trop réfléchir
basketpack : Top 3 des joueurs les plus forts que tu as affrontés :
Édouard Choquet : David Holston > Jordan Farmar > Mark Lyons
basketpack : On est encore avec un meneur de jeu “Peak”, donc on va te demander Top 3 des meilleurs meneurs all-time :
Édouard Choquet : Jayson Williams, mon idole de jeunesse ! le “White Chocolate” > Tony Parker > Stephen Curry ! C’est un top 3 subjectif !
basketpack : Top 3 des meilleurs moments de ta carrière :
Édouard Choquet : Le titre avec Asvel > La montée en Pro A avec Fos > Le titre de Leaders Cup… mais c’est très dur à hiérarchiser car tous ces instants ont une saveur spéciale !
basketpack : Top 3 de tes joueurs de basket favoris actuels :
Stephen Curry > Sergio Rodriguez > Mike James
basketpack : Top 3 des meilleurs chaussures avec lesquels tu as joué :
Édouard Choquet : La Kobe 5 > Delly 2 > Lou Williams 3… La encore, compliqué de hierachiser, mais c’est mon top 3 !
Crédit photo à la une : Sébastien Grasset
Aucun commentaire pour le moment